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La mante religieuse, Mantis religiosa.


Imaginez-vous cet automne dans votre jardin, le temps est maussade, voire même frais. Vous vous apprêtez à effectuer un peu de nettoyage, de coupe et de ramassage de feuilles lorsque soudain, vous vous demandez si vous n'avez pas la berlue ou forcé sur l'apéro de la veille. Une sorte de grosse brindille verte se meut discrètement sur une de vos plantes en pot, près de la terrasse; elle ressemble à la grande sauterelle verte sauf que ses membres les plus développés se trouvent à l'avant du prothorax et non à l'arrière. Donc cet insecte étrange ne se déplace pas par bonds, ou alors si petits, mais surtout en marchant de manière très agile d'ailleurs dans la végétation, mais également, pour les plus lestes que sont les mâles, en volant. Sa couleur est généralement verte mais il est possible d'en trouver des exemplaires bruns clair. Vous remarquerez peut-être qu'en cet automne (fin octobre), certains de ces insectes auront l'abdomen assez gros: il s'agit alors de femelles prêtes à déposer leur oothèque.
Oothèque, mais de quoi il parle ? Ah oui, j'en oubliais l'essentiel, c'est de vous présenter scientifiquement cet insecte afin que vous puissiez vous faire une représentation très concrète de la bête !! Je parle modestement de la mante religieuse, Mantis religiosa, de l'ordre des Mantoptères et de la famille des Mantidae. Mais que fait-elle dans un article traitant principalement de la faune du bassin lémanique et de la Haute-Savoie proche ? Il se fait que depuis deux à trois ans, elle a franchit le Fort de l'Ecluse qui constituait la limite nord de son aire depuis la France. Elle tend donc à s'établir dans le genevois, reste à savoir si la descendance prendra souche. Cet élargissement de son aire est sans doute du en partie aux températures estivales plus élevées conjuguées avec de forts courants du sud.
L'oothèque est une sorte de cocon contenant les œufs situés dans des alvéoles parfaitement structurées: elle est blanchâtre et molle à la ponte puis durcit rapidement et devient brune. Elle contient entre deux et trois cents œufs, adhère fortement au support très hétéroclite que ce soit le dessous d'une pierre, un tronc, un piquet, une feuille au sol. Cette oothèque déposée par la femelle abritera le développement larvaire durant toute la mauvaise saison et laissera s'échapper, courant juin, soit des parasites (Podagrion sp.) soit des jeunes mantes mesurant environ huit millimètres. Les jeunes devront subir 6 mues pour arriver à l'âge adulte en septembre, se reproduire et mourir peu de temps après.
La reproduction n'est pas sans contrainte pour le mâle car, si il veut d'abord pouvoir assurer sa descendance, il devra s'approcher subrepticement de la femelle et lui sauter sur le dos avant qu'elle n'ait eu le temps de réagir ce qui, connaissant la rapidité d'attaque fulgurante de l'animal, n'est pas dénué de risque. Le mâle, une fois installé sur sa partenaire joint son cloaque à celui de la femelle qui finira, un moment ou à une autre, par le dévorer. Les réflexes subsistant même après la décapitation du mâle, celui-ci peut terminer son acte reproducteur. Notez qu'il n'y a que les mâles qui perdent la tête pour une femelle. Personne ne connaît la raison profonde de cet acte si cruel et sans merci, mais il en est quasiment toujours ainsi. Ces proies habituelles ne sont toutefois pas les mâles, mais plutôt tout ce dont elle arrive à se saisir grâce à ses puissantes pattes avant, ravisseuses et munies d'une sorte de harpon: mouches, abeilles, papillons, criquets, sauterelles, guêpes font partie intégrante des ses lunchs quotidiens. Ses pattes prédatrices lui servent également de moyen de locomotion sur des surfaces verticales. Comme moyen de défense, car la mante religieuse a quelques prédateurs, surtout des oiseaux, elle choisit la fuite mais, parfois, elle adopte une attitude dite "spectrale": ses ailes sont largement déployées et elle replie ses pattes avant mettant en évidence les taches noires qui ornent le dessous de celles-ci. Il arrive aussi que ses pattes ravisseuses soient écartées pour paraître encore plus impressionnantes. Un autre moyen de défense passif celui-là est l'homochromie, c'est à dire la faculté de se confondre avec son environnement, au moyen de couleurs proches, mais ceci reste limité car la mante religieuse de chez nous est soit brune soit verte.
Son nom vernaculaire provient surtout de la position de ses pattes avant, repliées à la manière d'une nonne faisant sa prière. La faune française connait une petite dizaine d'espèces de mantes. Au niveau de sa morphologie et pour conclure ce chapitre, il est notoire de signaler l'extrême mobilité de sa tête, effectuant des rotations d'environ 180 ° et la sophistication de ses pattes avant, redoutables armes et pièges dont aucune proie ne peut s'échapper. La mante chasse à l'affut, positionnée fréquemment près des fleurs butinées. Elle est diurne et aime les terrains découverts, particulièrement secs et ensoleillés.


Mantis religiosa

elle m'observe

toilette...

belle mante religieuse

Mantis religiosa, portrait

Mantis religiosa, mâle

Mantis religiosa, posture défensive

Mantis religiosa

Mantis religiosa

Mantis religiosa


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