header img

accueil     batraciens     reptiles     pages du naturaliste     voyages     le forum     contact

Les rainettes singe: Phyllomedusa bicolor, Phyllomedusa vaillanti, Phyllomedusa tomopterna.


écoutez un fond sonore

Les phylloméduses sont des rainettes parfaitement adaptées à la vie arboricole: elles possèdent des disques adhésifs à l'extrémité des doigts et des orteils, leurs 2-3 doigts sont opposables aux autres, ce qui leur permet de grimper avec aisance très haut dans les arbres et de se tenir à l'aide d'une seul patte en cas de voltige, à la manière des caméléons.
Certes, ces caractéristiques sont communes aux Hylidés; ce qui différencie cette sous-famille des autres, c'est leur capacité à se reproduire hors de l'eau, comme les Agalychnis, ce qui garantit une meilleure survie de la progéniture vu que le développement embryonnaire, jusqu'à la formation du têtard, se passe à l'abri d'une feuille enroulée. À maturité, le têtard qui mesure environ 1 cm sort de son œuf et chute dans le point d'eau qui se situe en dessous du nid. Ce mode de reproduction, qui sera repris en détails plus bas, permet de produire moins d'œufs que d'autres batraciens, comme les Bufonidés, qui pondent plus de 30000 œufs afin d'assurer leur descendance.
Il existe en Guyane française quatre espèces de phylloméduse: P. bicolor, Phyllomedusa vaillanti, Phyllomedusa tomopterna, P. hypochondrialis.
Toutes sont protégées et interdites de capture, destruction et détention.

La phylloméduse bicolore, reproduction

nom scientifique: Phyllomedusa bicolor.
nom courant: il n'y en a pas vraiment, phylloméduse de Guyane à deux couleurs, mais c'est pour rire!
description: Elle revêt une couleur vert tendre le jour et vert bronze la nuit, petites taches blanchâtres sur les flancs, face ventrale et partie inférieure des flancs teintées de jaune un peu orangé. Pli glandulaire plus épais que les autres sous-espèces de Guyane, allant jusqu'à l'aine.
répartition géographique: Guyane française et régions environnantes.
mœurs: crépusculaire et nocturne, arboricole.
habitat: forêt tropicale humide.
dimorphisme mâle plus petit que la femelle, et possédant des callosités brunâtres sur les doigts en période de reproduction. Rainette relativement grande, de 100 à 109 mm, avec un maximum de 120, 5mm.
chant: audible à quelques dizaines de mètres, sorte d'aboiement, écoutez-le!
nourriture: divers insectes volants et rampants.
terrarium: identique aux autres Hylidés de grande taille; interdite de détention sur tout le territoire français, départements et territoires d'outre-mer.
reproduction: se reproduit toute l'année, en fonction des précipitations. La femelle, attirée par le chant du mâle le plus puissant, se dirige vers lui: cette manœuvre peut prendre 45 min. en fonction de la distance qui les séparent (entre 3 et 5m). Après un court face à face, le mâle grimpe sur la femelle et l'étreint avec ses pattes antérieures au niveau de la racine des bras et non sous les aisselles. Une fois saisie, la femelle décide de sélectionner une feuille large située au-dessus d'un point d'eau distant d'environ 1 mètre. Environ 45 minutes plus tard, le couple descend à reculons le long de la feuille et s'arrête à l'extrémité de celle-ci. Le poids du mâle et les mouvements des pattes postérieures de la femelle aident au pliage de la feuille; après ce dur labeur d'environ 15 minutes, on observe l'émission d'un liquide transparent à l'intérieur de la pliure de la feuille. Il peut s'agir d'ovules non-formés ou seulement de gangues, que la femelle enserre et colle à la feuille avec ses pattes postérieures; 15 minutes plus tard (des abonnés aux 1/4h...!) les premiers ovules de couleur blanc crème sont pondus par paquets successifs et aussitôt fécondés par le mâle. A chaque émission d'ovules, le couple les tasse, enserre et referme la feuille sur ceux-ci. Le couple marque une pause d'environ...vous le savez...15 minutes, puis recommence l'opération quelques centimètres plus haut pour finir leur "nid" avec de nouveaux ovules transparents. Durée totale de l'accouplement: environ quatre heures; le mâle se détache de la femelle en poussant un petit cri et quitte les lieux. La femelle, épuisée, quitte le nid 45 minutes plus tard: on aurait pu la nommer "Phyllomedusa quardorata minuta", je continue à délirer! Cette observation a été faite entre 23h45 et 5h30, le 2 juillet 1993 par Christian et Victoire Marty. Les feuilles sont sélectionnées non pas en fonction de l'espèce de la plante, mais pour leur dimension. Les nids sont tous exposés vers l'est, situés entre 40cm et 3m50 de l'eau, mesurent de 8-15cm de long. Une dizaine de jour après la ponte, de 600 à 1200 têtards environ éclosent. Les mâles près des sites de ponte sont toujours plus nombreux que les femelles (de 10-25 mâles pour 6 femelles, les "pôvres"...) Ils chantent en haut des arbres et ne descendent pour se reproduire que lorsque les conditions météo sont favorables, c'est-à-dire en cas de pluies abondantes. A noter encore que les têtards se tiennent dans l'eau dans une position à 45° par rapport à la surface.
prédateurs: tout type de serpents arboricoles (certains serpents oophages se régalent de leurs œufs et peuvent détruire l'intégralité de la ponte), et certains oiseaux.
particularités:des "combats" entre mâles rivaux sont fréquemment observés: il s'agit de luttes "à bras les corps" finissant par la chute des rivaux au sol ou dans l'eau. Cette attitude se retrouve également chez les Dendrobatidés. Au niveau biochimique, des peptides vasodilatateurs, opioïdes et antimicrobiens ont été isolés récemment dans les sécrétions cutanées de P. bicolor. Certaines tribus d'Amérindiens utilisent les sécrétions cutanées de cet amphibien pour diverses pratiques: mélangées à de la salive et appliquées sur des points de brûlures fraîches, cette "potion" provoquerait un profond malaise, une période d'apathie suivie d'un état euphorique accompagné d'une sensation de force et d'une potentialisation des sens qui les rendraient meilleurs chasseurs et tireurs à l'arc. Une diminution des sensations de crampe lors du bandage de l'arc a également été décrite.


Phyllomedusa bicolor, © Frank Deschandol

Phyllomedusa_bicolor, © Frank Deschandol

Phyllomedusa_bicolor, © Frank Deschandol

Phyllomedusa_bicolor, © Frank Deschandol

têtards de Phyllomedusa, © Frank Deschandol

Phyllomedusa tomopterna, © Frank Deschandol

Phyllomedusa tomopterna, © Frank Deschandol

Phyllomedusa vaillanti, © Frank Deschandol


Bibliographie:

puceContribution à l'étude des Amphibiens de Guyane française, par J. Lescure, V.et C. Marty, F. Starace, M. Auber-Thomay et F. Letellier, paru dans la revue française d'aquariologie et herpétologie,publication de l'université de Nancy I, 30 juin 1995.
précédentesuivante